Prostitution : pourquoi je ne peux pas être abolitionniste ?
Prise de recul sur un débat sensible : les travailleuses du sexe.
Pour rappel / définition : “S'agissant de la législation de la prostitution, l'abolitionnisme est un courant de pensée visant à l'abolition de la prostitution et refusant toutes formes de réglementation. L'abolitionnisme, considérant les personnes prostituées comme victimes d'un système qui les exploite, refuse toute forme de pénalisation de celles-ci”. (Cette précision importante, il s’agit essentiellement de pénaliser le client.)
Dans un monde dirigé par des hommes, dans une société qui a pour habitude depuis son apparition de sexualiser les femmes, de leur voler leur consentement, de consommer leurs corps, de les réduire au rang d’objets, de les sous-estimer, les violer, les tuer, et de toujours être protégés, impunis, puissants, dominants, bien que la minorité à laquelle ils s’attaquent ne l’est pourtant que de nom et représente la moitié de la population mondiale, dans un tel monde, non je ne peux pas être abolitionniste.
Dans ce monde là, où l’adage probablement le plus universel nous dit que « pute », c’est le plus vieux du métier du monde… je n’aurai pas la naïveté d’être abolitionniste.
Nous voulons transformer cette société là, mettre fin à ce rapport de domination qui nous empêche de vivre avec la liberté que nous méritons, nous voulons faire la révolution, avec toute la radicalité qu’il faudra puisque nous avons bien compris, au coût de beaucoup de sang, que nous n'aurons rien sans rien.